E.Cl. 2252 a à hHuit lés d’étoffe
E.Cl. 2252 a à h
Huit lés d’étoffe
Turquie, Bursa ou Constantinople ;
Achat, 1853 ; affectation au musée national de la Renaissance-château d’Écouen, 1987.
Dimensions : E.Cl. 2252 a : H. 91 cm ; L. 66,6 cm ; E.Cl. 2252 b : H. 97,6 cm ; L. 74,5 cm ; E.Cl. 2252 c : H. 98 cm ; L. 74 cm ; E.Cl. 2252 d : H. 92,5 cm ; L. 66,5 cm ; E.Cl. 2252 e : H. 88 cm ; L. 66,5 cm ; E.Cl. 2252 f : H. 93 cm ; L. 66,5 cm ; E.Cl. 2252 g : H. 91,2 cm ; L. 67 cm ; E.Cl. 2252 h : H. 43,5 cm ; L. 64 cm.
Rapport de dessin : H. 90 cm ; L. 33 cm.
E.Cl. 2252 a a été restauré par Sylvie Forestier en 2017. Les autres pièces présentent un empoussièrement général, des déchirures et des usures. Elles sont montées sur un châssis de bois, sur lequel elles sont clouées avec des clous de tapissier.
Sur fond or, chaque lé présente une composition éclatée couvrant toute sa largeur et sa hauteur. Formant un compartiment circulaire cerné de rouge et flanqué en haut et en bas de deux feuilles stylisées, celle-ci abrite une mandorle autour de laquelle se déploient de fins rameaux portant des œillets et des tulipes que l’on retrouve à la périphérie de la mandorle. La mandorle et les grandes feuilles se détachent sur fond argent. Ce grand motif est encadré par un liseré rouge. Les lés ont conservé leurs deux lisières. La pièce E.Cl. 2252 h est un demi-lé.
Velours coupé, double corps, fond satin de 5, chaîne (décochement 2) (et trame d’accompagnement), lancé, lamé (le filé métallique est lié en sergé 4 lie 1 trame, S, par la chaîne).
Chaîne : 3 chaînes.
Proportion : 6 fils pièce ;
2 fils poil.
Matière : fil pièce : soie, STA de 3 bouts, ivoire ;
1er fil poil : soie, organsin S de 2 bouts, rouge cramoisi ;
2e fil poil : soie, organsin S de 2 bouts, vert, jaspé.
Découpure : 2 fils poil.
Réduction : 85 fils pièce/cm ; 45 fils poil/cm.
Trame : 3 trames, 1 fer.
Proportion : 3 coups 1er lat, fond ;
1 coup 2e lat, lancé, lamé ;
1 coup 3e lat, trame d’accompagnement ;
1 fer ;
3 coups au fer.
Matière : 1er lat : soie, STA de 3-4 bouts, ivoire ;
2e lat : fil métallique âme soie, faible S de 2 bouts jaune entourée par une lame métallique
dorée et âme soie, faible S de bouts blanc entourée par une lame métallique argentée ;
3e lat : lin, S de 2 bouts non teint.
Découpure : 1 fer.
Réduction : 28 coups/cm ; 10 fers/cm.
Deux lisières ; L. 1,4 à 1,5 cm ; sergé lin 3 lie 1, Z, et liseré de velours coupé rouge.
Teinture en fil.
Hypothèse d’un métier à la tire.
Au sujet de ces lés de velours, le registre d’inventaire note « Étoffes de Venise, velours et or dit damas d’or velouté de grand dessin » ; or le motif de grand dessin à mandorle est caractéristique des créations des ateliers de Bursa et de Constantinople.
Déjà au Moyen Âge, l’Empire ottoman crée de somptueuses étoffes exportées vers l’Europe via les ports méditerranéens, en particulier Venise. Le velours, appelé kadifê en turc, est porté à un très haut niveau de perfection par les ateliers ottomans. Sur le territoire des sultans, ces velours servent surtout à orner les coussins des sofas palatiaux mais sont aussi employés pour les vêtements comme les cafetans. En Europe, ils trouvent majoritairement leur usage dans l’habillement (manteaux et robes). Le répertoire décoratif très stylisé est composé de mandorles, de grenades, d’œillets et de tulipes. Ces motifs, communs à ceux de la céramique (Iznik), sont agencés de façon géométrique et souvent concentrique. Le fond or et argent fait scintiller la lumière. Les filés argent sont en réalité composés d’une âme de soie blanche entourée d’une lame d’argent très fine, tandis que les filés or sont faits d’une âme de soie jaune entourée d’une lame argent vernie en jaune donnant l’illusion de l’or. Si les velours ottomans peuvent paraître répétitifs, ils sont en réalité très différents dans le détail grâce à la diversité des bains de teinture employés. Sur ces laizes, la différence des verts n’est pas aléatoire mais a pour but de représenter les effets de la lumière sur les végétaux dans la nature.
Du Sommerard 1883, p. 517, cat. 6489.
Cat. exp. Écouen 2017-2018.
Barbier 2020, p. 60, fig. 2.
Qualification technique abrégée :
Velours coupé
Plusieurs pièces en collection particulière ; un velours semblable est conservé au musée des Arts décoratifs (Paris) : inv. 8355, daté du xviiie siècle.
Étapes de publication :
Muriel Barbier, 30 août 2019, rédaction de la notice pour première publication.
Pour citer cet article :
Muriel Barbier, « E.Cl. 2252 a à h » dans Catalogue des textiles plats du musée national de la Renaissance, mis en ligne le 30 septembre 2022. https://textiles-plats.musee-renaissance.fr/notice/notice.php?id=3
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